Depuis 1967, plus d'un tiers de la population des Territoires occupés palestiniens a été arrêtée.
Comme l'a montré Stéphanie Latte Abdallah, le système carcéral israélien a joué un rôle central dans l'occupation et dans le processus de colonisation de la Cisjordanie. Les campagnes d'arrestations massives, qui visaient à la fois à réprimer les soulèvements des palestiniens contre l'occupation et à construire un système d'information et de connaissance de la population des territoires occupés, atteignent leur sommet pendant la première Intifida quand le taux d'incarcération dans les Territoires Occupés devient le plus élevé au monde (25000 personnes arrêtées par an en moyenne). L'expérience de la prison n'est donc pas marginale dans la société palestinienne et la dimension de l'enfermement occupe une place très particulière dans l'imaginaire et dans le quotidien d'une société où chaque famille a connu l'arrestation d'au minimum l'un de ses membres. Si la prison représente pour les autorité israéliennes un mode de gouvernement et de gestion des Palestiniens des Territoires Occupés, l'expérience de la détention a été redéfinie par les détenus palestiniens comme une expérience politique et nationale fondamentale notamment à travers l'action du mouvement des prisonniers qui se développe dans les prisons israéliennes à partir des années 70.
L'image de la prison comme école, comme lieu d'étude et d'apprentissage est récurrente dans les témoignages des détenus palestiniens de différentes générations.