Les recherches de Serdar Ay portent notamment sur cette période où au début de 20e siècle à Istanbul, loin de ‘son pays d’origine’, la littérature kurde moderne est dans les journaux et les revues de l’intelligentsia kurde qui rêve de ‘modernité’. Mais une différence marqua le destin de l’intelligentsia kurdiste de l’époque. Là où les groupes dominants, persans, arabes ou turcs espéraient compter sur l’appui de l’État pour former une nation, les Kurdes étaient confrontés à cet obstacle : comment accéder à l’histoire, créer la nation, sans structures étatiques préalables ?
Après l’éclatement de l’Empire Ottoman, les nationalistes kurdes tout comme les Arméniens et les Palestiniens se voient expropriés du territoire qui se trouve au cœur de leurs propres projets. Les régions kurdes sont incorporées à trois nouveaux états nationaux en plus de l'Iran, c'est à dire l’Irak, la Syrie et la Turquie.
Dans le nouvel espace kurde transfrontalier et transnational, comment ce projet national s'est-il mué en un investissement dans la langue et la culture ? Dans quelles conditions politico-linguistiques ‘une bi-standardisation’ de la langue kurde (kurmancî et soranî) s’est-elle accomplie ? Enfin, comment définir la littérature kurde moderne à partir des années 1930 ? Quelles sont les caractéristiques de la littérature kurde moderne du kurmancî ?