Le droit des peuples à respirer

Samah Jabr
Le droit des peuples à respirer
Samah JabrLe droit des peuples à respirer

 

« Nous avons quitté la solidarité mondiale engendrée par la crise du Covid-19 pour revenir à notre état familier de désunion dans la lutte contre le pouvoir oppressif, la domination et les politiques fascistes.
Dans Peau noire, masques blancs, Frantz Fanon explique la révolte en Indochine : "Ce n’est pas parce que le peuple Indo-Chinois a découvert une culture qui lui est propre qu’il est en révolte. C’est parce que ‘tout simplement’, il lui était devenu à plus d’un titre impossible de respirer".
Dans son film Derrière les fronts (2017), la réalisatrice française Alexandra Dols utilise également la métaphore de l’étouffement pour évoquer l’expérience palestinienne sous occupation. En ouverture du film, elle me présente discutant avec un psychanalyste israélien qui me met au défi de prendre en compte les besoins israéliens. Je réponds : "Nous vivons dans une réalité où plus les Israéliens respirent, plus les Palestiniens étouffent."
Tout au long du film, nous entendons des Palestiniens cherchant leur souffle : pendant les interrogatoires dans les prisons, au checkpoint de Qalandiya, et sous les bombardements à Gaza.
Il n’est pas étonnant que les cris de George Floyd "Je ne peux pas respirer" aient provoqué tant de réactions en Palestine. Floyd a prononcé les paroles de chaque Palestinien." » (Samah Jabr, « De la Palestine aux États-Unis, nous devons défendre le droit des peuples à respirer », Chronique de Palestine, 18/06/2020).

Voir aussi :
Le livre de Samah Jabr, Derrière les fronts. Chroniques d'une psychiatre psychothérapeute palestinienne sous occupation, PMN/Hybrid Pulse, 2018.
Le film d'Alexandra Dols, Derrière les fronts. Résistance et résilience en Palestine, 116', Hybrid Pulse, 2016.

Rêves, 21/01/2021.